Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xi
Préliminaire.

pression des quatre masques de l’ancienne comédie. On murmurait tout haut de l’atteinte prétendue portée à un genre de comédie dont l’Italie seule était en possession, et que les peuples voisins n’avaient jamais pu imiter, Venise voulait son Pantalon, Bologne son Docteur, et Bergame plaidait avec chaleur la cause de son Arlequin. Ce ne fut qu’avec beaucoup de temps et après de longs efforts, que Goldoni accoutuma ses concitoyens à voir les masques se montrer plus rarement dans ses pièces, et en disparaître enfin entièrement. Ainsi le génie qui s’avance à pas de géant, se trouve forcé, s’il veut opérer quelque bien, d’asservir sa marche à la timidité de celle du vulgaire ; et ne doit jamais heurter de front les préjugés qu’il se propose de détruire.

On a peine à concevoir cette obstination, de la part d’un peuple naturellement ami des arts, à qui l’Europe doit la renaissance des arts et celle du théâtre en particulier, qui ne se borna point à imiter seulement les anciens, mais qui créa même de nouveaux plaisirs, en étendant la carrière dramatique.

Le drame pastoral, par exemple, est une invention moderne, dont l’honneur appartient uniquement à l’Italie ; et, ce qu’il n’est pas inutile de remarquer, c’est que les premiers ouvrages écrits dans ce genre aimable, n’ont point été surpassés par ceux que l’on a fait depuis. Qu’opposer à l’Aminte du Tasse, au Pastor fido du Guarini ? Ces deux charmans ouvrages, reçus avec enthousiasme dans leur nouveauté, constamment accueillis depuis, et traduits dans toutes les