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Discours

langues de l’Europe, sont des monumens immortels de la délicatesse de leurs auteurs et de la douceur harmonieuse de la langue italienne.

Ce nouveau genre de drame fit naître bientôt après l’idée de renouveler l’alliance si ancienne et si naturelle de la poésie et de la musique. Octave Rinusccini, et le musicien Jacques Péri, en donnèrent le premier exemple ; et leur Daphné, le premier drame lyrique qui ait existé, fut représenté à Florence, en 1594. Cette tentative fut heureuse, et produisit une foule d’imitateurs. Mais le nouveau genre ne tarda pas à dégénérer : bientôt le poëme fut compté pour rien, et tout fut asservi au caprice du musicien, ou sacrifié à la vaine pompe des décorations. Les gens de lettres ouvrirent les yeux ; et, sur la fin du dix-septième siècle, un certain André Moniglia de Florence, composa plusieurs Opéra, où l’on trouve, du moins, une action et quelque régularité. Mais la gloire de donner à la poésie lyrique plus de dignité à la fois et plus d’énergie, était réservée au célébré Apostolo-Zeno ; et celle de la porter au plus haut degré de perfection oh elle puisse atteindre, devait être le partage de l’immortel Métastase.

L’Italie retentissait du nom de ces deux grands hommes, et la scène lyrique des applaudissemens prodigués à leurs ouvrages, quand Goldoni commença à travailler pour le théâtre : ses premiers essais même furent des tragédies lyriques. Avant de faire représenter son opéra de Gustave, il fut bien aise de consulter