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Préliminaire.

Apostolo-Zeno. Ce savant respectable le reçut avec bonté, écouta son drame avec intérêt, et lui dit sans flatterie ce qu’il pensait de ce premier ouvrage. Goldoni voulait sur le champ déchirer son manuscrit : Zeno l’en empêcha, lui donna des conseils, et lui présagea des succès. C’est ainsi que le fameux poëte Romain Cécilius accueillit autrefois l’Adrienne de Térence, et encouragea son jeune auteur. « Exemple d’équité et de bonne foi d’autant plus intéressant, dit M. de la Harpe, qu’il est plus rare que les grands écrivains soient disposés à louer leurs rivaux, et à aimer leurs successeurs ». (Lycée, t. 2, p. 76).

Melpomène reçut aussi les hommages de Goldoni ; et Bélisaire, son premier ouvrage de marque, obtint et méritait un accueil distingué. Il prouva depuis, dans Griselda, dans Renaud de Montauban, et dans plusieurs autres pièces du genre noble, qu’il pouvait s’élever et se soutenir au ton de la tragédie. Mais sa gloire véritable, ses titres les plus assurés à l’immortalité, sont plus de Cent comédies, toutes d’intrigue ou de caractère, toutes en trois actes ou en cinq, et la plupart en vers.

Toujours exact dans ses peintures, comique dans ses intrigues, et vrai dans son dialogue, il n’est guère de ridicule qu’il n’ait attaqué, de caractère qu’il n’ait approfondi, d’intrigue enfin qu’il n’ait mise au théâtre. Souvent même, mécontent d’un premier essai, ou s’apercevant que quelque nuance principale d’un caractère avait échappé à son pinceau, il le repro-