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Discours

duisait dans un autre ouvrage, et le plaçait de manière à faire ressortir sans effort les traits nouveaux sous lesquels il le présentait. Cette attention scrupuleuse caractérise l’observateur philosophe, et cette facilité à se replier sur soi-même, décèle le génie extraordinaire.

Quel homme en effet, que celui qui, sans avoir encore un seul sujet dans la tête, prenait avec le public l’engagement formel de mettre au théâtre seize pièces dans le cours d’une année dramatique ? S’il y avait une apparente témérité à faire une pareille promesse, il y eut un mérite réel à la remplir, et ce fut celui de Goldoni. Il y a plus : ces seize pièces forment la partie la plus brillante de son théâtre ; et, à l’exception d’une ou deux seulement qui furent moins heureuses, toutes obtinrent le succès le plus flatteur et le plus constant. Nous n’ignorons pas qu’on peut opposer à cette rare facilité, la fécondité, plus prodigieuse encore, des Lopèz de Véga et des Caldéron ; mais l’honneur et le nom de Goldoni nous dispensent du parallèle. Quel homme de Lettres ne sait pas d’ailleurs qu’il y a aussi loin des auteurs que nous venons de citer, au théâtre de Goldoni, que des tréteaux de Thespis aux chef-d’œuvres des Sophocle et des Euripide, ou de nos Confrères de la Passion, à l’Athalie de notre divin Racine.

Le nom de Goldoni acquérait de jour en jour plus de célébrité ; des qualités précieuses, jointes à tant de talens et de succès, lui attirèrent de toutes parts des témoignages aussi nombreux que flatteurs de l’estime générale. Il est inutile de remarquer, sans doute, que