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xix
Préliminaire.

seule le droit de retentir dans l’avenir, et la voix de la vérité sera-t-elle toujours glacée par une crainte servile, ou étouffée par de méprisables clameurs ? Quoi ! mille bouches se seront ouvertes pour proscrire, et pas une voix ne s’élèvera pour justifier l’innocent ! Quoi ! l’on aura dénaturé, exagéré de simples faiblesses, et il ne serait pas permis de louer de grandes Vertus ? Loin de nous cette pensée : elle outragerait à la fois et ceux qui nous gouvernent aujourd’hui, et les sages lois à l’abri desquelles respirent les mœurs, et renaissent les lettres avec l’espoir de les cultiver en paix. Non : l’éloge de la vertu n’a jamais irrité que ceux qu’il forçait de rougir.

Que n’ont-ils pu pénétrer, ces détracteurs ardens de toute espèce de mérite, que n’ont-ils pu pénétrer dans cet intérieur, où le père de l’infortuné Louis XVI formait lui-même ses enfans à la vertu, présidait à leur éducation ; et, tout héritier qu’il était de la première monarchie de l’univers, ne se croyait dispensé ni d’égards, ni de reconnaissance envers ceux qui coopéraient avec lui à ce grand ouvrage. Combien de marques touchantes de bonté, combien de traits précieux de caractère n’aurions-nous pas à offrir à l’attendrissement de nos lecteurs, si le temps qui nous presse, nous permettait de nous abandonner au plaisir de les retracer ! Combien de ces petites anecdotes, oh l’on juge d’autant mieux la personne, qu’on la voit, pour ainsi dire, à son insçu, et sans qu’elle songe qu’on la regarde. Combien on aimerait à voir le bon Goldoni conversant familièrement avec