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Discours

ses augustes Ecolières ; toujours admis à leurs petites fêtes, à leurs parties de jeu ; honoré même, à cet égard, d’une distinction particulière, et comblé dans tous les temps des témoignages de leur attachement pour lui. Nous nous bornerons, entre mille, à un trait seulement, parce qu’il tient à Goldoni.

Dans l’un des fréquens voyages qu’il faisait de Paris à Versailles, avant d’y avoir son logement, Goldoni est surpris tout à coup d’une cécité momentanée. Le livre qu’il lisait dans sa voiture ne lui offre qu’un mélange confus, où ses yeux ne distinguent plus rien. Troublé, hors de lui-même, et voyant à peine assez pour se conduire, il arrive dans l’appartement de madame Adélaïde. La Princesse s’aperçoit de son saisissement : Goldoni en tait la cause, et veut procéder à la leçon accoutumée. Mais il lui est impossible de lire : il ne voit rien, absolument rien, et fait l’aveu du triste événement qui lui arrive. À ce récit, l’excellente Princesse, plus troublée, plus effrayée que Goldoni lui-même, sonne, appelle, court, cherche ce qu’elle croit le plus capable de le soulager pour le moment ; et ses royales mains ne dédaignent pas de verser elles-mêmes les gouttes salutaires sur les yeux du malade….. Oh ! qu’il dut être doux pour son cœur, le moment où il recevait les preuves touchantes d’un pareil attachement ! Oh ! comme ses larmes durent couler délicieusement sur les mains de son auguste bienfaitrice ! Mais il eût fallu l’entendre raconter lui-même, avec la naïve candeur de son ame et de son âge, les témoignages particuliers de bien-