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Discours

eux-mêmes ; et que tout ce qu’ils disaient de la vertu, n’était que l’histoire de leurs propres pensées, et le tableau fidelle de leurs actions. Nous aimons à croire à la vertu de celui qui nous la prêche ; et quoique ce qu’il fait n’ait pas une influence nécessaire sur ce qu’il dit, il ne s’en suit pas moins, que c’est se jouer indignement de la vertu, que d’en affecter le langage, d’en étaler pompeusement les maximes, tandis que l’on en rit soi-même derrière le masque hypocrite que l’on a osé usurper. Ah ! que ne nous est-il permis de confirmer par de nombreux exemples ce que nous avançons ici ! de remonter aux temps heureux, oh les mœurs étaient comptées encore pour quelque chose ; où l’écrivain, flétri dans sa conduite, était décrédité d’avance dans ses discours ; où la morale enfin se trouvait plus dans les actions des véritables philosophes, que dans les verbeuses déclamations des sophistes !

Mais si les bornes de notre sujet nous interdisent ces détails consolans, nous lui devons au moins un avantage incontestable ; c’est que nous n’avons pas besoin d’en sortir pour trouver l’accord estimable que nous cherchons, et dont nous venons de déplorer la rareté. Dans la foule presque innombrable des caractères que Goldoni a mis au théâtre, on retrouve la peinture successive de toutes les vertus publiques et particulières. Le peintre ne s’y borne point à de simples esquisses ; il semble toujours abandonner trop tôt le tableau de la vertu : il y revient à plusieurs reprises, et c’est toujours la même variété dans les