Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/28

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Préliminaire.

détails, la même abondance dans les sentimens. Où se trouvait donc cette source inépuisable de sentimens vertueux, si souvent et si bien exprimés, sinon dans une ame véritablement enflammée de l’amour de ces mêmes vertus ? Ses concitoyens, l’Italie entière en étaient si généralement convaincus, qu’on lui fit plus d’une fois l’honorable application de ses plus beaux caractères. On le retrouvait tout entier dans l’Avocat Vénitien ; et cet avocat est un des plus beaux rôles qu’il y ait au théâtre. Qu’il est glorieux de mériter un pareil éloge ! Lauriers éphémères, que prodigue le fol enthousiasme d’un parterre flatté un moment dans ses goûts dépravés, qu’êtes-vous, au prix de ce concert unanime de tous les gens de bien applaudissant au citoyen vertueux, plus encore qu’à l’écrivain habile ?

Que sera-ce donc, si l’examinant de plus près dans cet intérieur, où, dépouillé de tout ce qui en impose au dehors, l’homme est absolument lui-même, nous retrouvons les mêmes motifs d’estime, les mêmes sujets d’admiration ? Combien de vertus factices soutiennent et bravent même l’éclat du grand jour, qui ne supporteraient pas la sévérité d’un examen particulier ! Goldoni, au contraire, gagnait toujours plus à être connu davantage. Le modèle des époux, il eût été celui des pères, si le ciel lui eût accordé des enfans : son cœur se dédommagea du moins de cette douloureuse privation, en adoptant ceux de son frère, et en faisant pour eux, ce que sa tendresse eût fait pour les siens. Mais, que pourrions-nous dire qui