Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/30

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xxvii
Préliminaire.

pagnes pour faire leur éloge : pour moi, j’ai voulu rendre à la mienne cette justice éclatante, tandis qu’elle peut m’entendre encore ; bien sûr de n’être démenti par aucun de ceux qui la connaissent, et justifié d’avance par cette bonté qui respiré dans tous ses traits, comme elle vit dans son cœur.

» Béni soit à jamais le jour, où j’eus l’honneur de vous connaître à Gênes, et de voir pour la première fois votre adorable fille ! Le hasard m’avait logé près de vous ; l’amitié dont vous m’honorâtes me fournit l’occasion de voir de plus près les qualités rares qui ornaient cette fille chérie : elle m’inspira une estime, qui ne tarda pas à devenir de l’amour…… Je sais tout ce qu’il vous en coûta pour vous séparer d’elle ; et c’est la grandeur même du sacrifice, qui ajoute tous les jours à ma reconnaissance…… La fille que vous avez daigné m’accorder méritait un autre sort, et une fortune plus considérable, sans doute ; cependant sa bonté se contente de ma médiocre existence, et son ambition ne désire rien au-delà. Je ne suis pas riche ; mais la bonté du Seigneur m’accorde plus encore cent fois que je ne mérite ; et si rien n’annonce chez moi le faste et l’abondance, rien aussi n’y indique le besoin. Le pain que je mange me coûte bien des sueurs : je le partage avec ma tendre épouse ; et mes fatigues sont oubliées. La Providence, qui m’a refusé des enfans, m’a chargé de la famille de mon frère ; et c’est en cela sur-tout que brille l’excellent naturel de mon épouse, qui se dévoue courageusement