Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/31

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxviii
Discours

à tous les soins d’une tendre mère, sans en trouver la récompense dans le bonheur d’embrasser ses enfans, etc. ». (Épître dédicatoire de la Femme seule, comédie.)

Ces vertus domestiques étaient d’autant plus vraies, d’autant plus solides dans Goldoni, qu’elles tiraient leur principe d’un fond de religion qui ne s’est jamais démenti chez lui : également éloigné du cagotisme, qui déshonore la religion en la chargeant de pratiques ridiculement minutieuses, et de l’orgueilleux philosophisme qui croit l’outrager en la bravant, il en remplissait les devoirs sans peine, et en pratiquait les maximes sans ostentation. En un mot, s’il fut, au théâtre, l’apôtre constant des mœurs et de la vertu, il en était dans son particulier le scrupuleux observateur, et c’est ainsi qu’il est beau d’en parler !

Mais par quelle étrange fatalité sommes-nous forcés de faire au grand homme dont nous terminons l’éloge, un mérite de ce qui paraît si simple et si naturel, l’attachement à la foi de ses pères ! Comment le premier, le plus saint de nos devoirs, en est-il devenu le plus négligé ! et pourquoi sommes-nous réduits à compter, pour ainsi dire, ceux qui le remplissent ? À quoi attribuer cette effrayante dissolution morale, sinon à la persécution déclarée à tous les arts, exercée contre toutes les sciences, et sur-tout au défaut total d’instruction publique et particulière ? Quel en sera le terme ? l’époque où l’étude bien dirigée du vrai, ramènera le goût du beau ; où la culture des lettres nous rendra à la pratique