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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/345

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PAMÉLA.


EXAMEN
DE LA COMÉDIE DE PAMÉLA.


Le lecteur a pu voir par les notes partielles répandues dans le cours de cet ouvrage, qu’il y avait très-peu de chose à changer ou à rectifier dans la disposition générale et dans les détails de cette comédie, pour en faire une pièce régulière, et assujétie aux convenances de la scène française. Les caractères en sont parfaitement dessinés. Rien de plus aimable que Paméla ; c’est la Vertu personnifiée ; mais la vertu douce, indulgente, sévère seulement pour elle-même : opposant une patience angélique aux injures qu’on lui prodigue, aux mauvais traitemens dont elle est l’objet ; mais déployant une énergie noble et une éloquence courageuse, lorsque son honneur outragé la force de prendre sa défense. Quelle douce ingénuité dans son amour pour Bonfil ! comme elle semble craindre de se l’avouer à elle-même, et avec quelles armes elle en combat jusques à la pensée ! La position de Bonfil n’est point ordinaire ; un fond naturel de vertu et d’honnêteté ne lui permet pas de s’arrêter un moment à l’idée d’outrager Paméla, par une conduite ou des propositions indignes d’elle : mais la passion qui l’aveugle est à tout moment prête à l’emporter sur ses résolutions, et déconcertée à tout moment par la conduite ou les discours de Paméla. Il ne lui reste donc que le parti du mariage : mais une telle alliance est absolument incompatible avec la noblesse de son rang : jamais sa famille n’y pourra consentir ; et cependant il aime Paméla avec fureur ; il lui est impossible de vivre sans elle… Quelle situation ! combien elle est dramatique,