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Préface.

aussi que ce Tom-Jones ! M. de la Harpe ne craint pas de l’appeler quelque part le Livre le mieux fait de l’Angleterre. L’éloge est grand, sans doute, et suppose un mérite prodigieux : mais ce qu’il y a de plus prodigieux peut-être encore, c’est que la lecture de l’ouvrage justifie l’éloge. Là, tout est en action ; pas un chapitre qui n’offre ou n’amène une scène vraiment dramatique. Quelle diversité dans les caractères ! quelle chaleur dans la marche de l’ouvrage ! quel intérêt enfin d’un bout à l’autre ! rien à désirer ; mais aussi rien de trop. On dirait que Fielding est le seul écrivain anglais qui ait connu et respecté des bornes.

Il n’en est pas de même de Richardson, à qui, dit encore M. de la Harpe, il a manqué une condition essentielle et indispensable pour faire un bon livre, de savoir s’arrêter. Ce défaut, sensible dans tous ses ouvrages, l’est plus encore dans Paméla, son premier roman ; et c’est ce qui rendait plus difficile l’entreprise de Goldoni. Ici, le romancier n’offrait que peu de ressource au poëte, et la marche du roman est si froide, si totalement dénuée d’intrigue et d’action, qu’il