Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/36

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
xxxiii
Préface.

fallait ou tirer beaucoup de son propre fond, ou faire une comédie détestable. Il y a, sans doute, dans la Paméla anglaise des détails charmans, des lettres très-intéressantes ; Paméla parle comme un ange : mais au théâtre, il faut agir, il faut qu’un personnage principal sur-tout se trouve dans des situations attachantes, capables d’exciter l’intérêt, et de soutenir l’attention du spectateur ; et, malgré le mérite de Richardson, il n’y a rien de tout cela dans le roman de Paméla.

Il fallait donc nécessairement ou prendre seulement le fond du sujet et inventer tout le reste, et c’est ce qu’a fait Goldoni avec succès ; ou transporter l’événement en d’autres temps et en d’autres lieux, et c’est ce qu’a fait Voltaire dans Nanine. On ne rendit pas, dans le principe, toute la justice possible h ce joli Ouvrage, plus moral, quant au fond, que celui de Goldoni, et qui étincelle de beautés de détails, revêtues par-tout de ce coloris enchanteur, qui était devenu le cachet de Voltaire, et dont il a malheureusement emporte le secret avec lui. Mais l’envie ne pardonnait pas au même homme de donner