Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/6

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Préliminaire.

notre plume, une partie du moins de son mérite, et l’homme paraître, dans notre récit, aussi estimable qu’il le fut en effet !

Charles Goldoni naquit en 1707, d’une famille qui jouissait, à Venise, d’une fortune honnête, et d’une considération méritée. Ses premières années, (présage souvent trompeur, parce qu’il est rarement bien observé) annoncèrent, en partie, ce qu’il devoit être un jour. Son premier goût fut celui du spectacle ; ses premières lectures, des pièces de théâtre ; et, à l’âge de huit ans, il avait esquissé lui-même une comédie, qui, toute informe qu’elle était nécessairement, n’en fit pas moins les délices des sociétés où le jeune auteur était connu, et l’étonnement de tout Venise.

Le père de Goldoni, partisan déclaré de tous les plaisirs, et amateur sur-tout des spectacles, mais que des revers avaient désabusé de la futilité de ses goûts, ne vit pas sans douleur les inclinations naissantes de son fils. Il fit tout pour l’écarter d’une carrière dont l’éclat couvre le danger, et pour lui faire embrasser une profession, qui, en lui assurant une existence honnête et lucrative, lui épargnât les chagrins multipliés, partage trop ordinaire de l’homme de lettres, et souvent, hélas ! la seule récompense de ses travaux. Mais il est plus facile de combattre la nature que de la vaincre : elle avait marqué la place de Goldoni, et l’y conduisait insensiblement. Aussi les efforts de son père furent-ils complètement inutiles,