Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/8

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v
Préliminaire.

de notre destinée ; la confiance honorable qu’elle lui attirait de toutes parts ; la fortune même qu’elle pouvait lui présager, rien ne l’emporta sur l’ascendant qui l’entraînait, malgré lui, vers le théâtre : et la nature qui l’avait fait poëte, ne le souffrit pas long-temps avocat. En vain il essaya quelque temps de concilier deux rôles si opposés : la lutte était trop pénible pour être bien longue ; et, sacrifiant enfin tout ce que son état mettait d’obstacles à son penchant favori ; perdant de vue l’espérance et la certitude même d’une fortune brillante, ( et c’est de tous les sacrifices celui qui doit le moins coûter à l’homme de lettres) Goldoni ne fut plus que poëte comique. L’Italie s’applaudit tous les jours d’une métamorphose aussi heureuse pour les lettres, qu’utile pour les mœurs et pour la société en général.

Quelque jeune que fût Goldoni quand ses premières idées se tournèrent du côté du théâtre, il fut frappé de l’état déplorable où il trouva la scène italienne, et, dès-lors il osa former le projet et concevoir l’espérance de la réformer insensiblement. Le projet était hardi, et le travail immense : il eut le bonheur cependant d’arriver au but qu’il se proposait. Mais, pour mieux apprécier ses efforts et l’étendue de son génie, écoutons-le décrire lui-même une partie des abus qui régnaient alors sur le théâtre italien :

« Depuis plus d’un siècle, le théâtre comique avait dégénéré parmi nous r au point de se rendre l’objet du mépris des autres nations. Qu’offrait