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Page:Goldoni - Les chefs d'oeuvres dramatiques, trad du Rivier, Tome I, 1801.djvu/9

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vi
Discours

en effet la scène italienne ? de pitoyables arlequinades, des lazzis, des intrigues scandaleuses, des équivoques grossières ; des pièces aussi ridiculement imaginées, que mal adroitement conduites ; aucune idée des mœurs, pas l’ombre d’un plan. Bien loin de remplir le premier objet, le but le plus respectable de la comédie, celui de corriger le vice, ces misérables farces le fomentaient au contraire, en excitant le rire de la populace ignorante, et d’une jeunesse sans frein comme sans mœurs. Les gens instruits s’indignaient ; et les gens honnêtes, que le besoin d’un délassement quelconque entraînaient malgré eux à des spectacles aussi dégradés, se gardaient bien d’y conduire leur innocente famille, qui ne pouvait y recevoir que des leçons, et n’y trouver que des exemples de corruption. » (Préface de l’édition originale de Turin.)

On croit reculer vers les quinze et seizième siècles, et lire l’histoire des temps de barbarie où la scène fut alors généralement plongée en Europe. Tel était cependant l’état du théâtre italien, au commencement du dix-huitième siècle, époque à laquelle le nôtre jouissait déjà de toute sa gloire, puisque Corneille, Molière et Racine l’avaient enrichi de tous leurs chef-d’œuvres. La traduction avait fait passer sur la scène italienne quelques pièces des théâtres français et espagnols. Mais, comme l’observe avec raison Goldoni lui-même, de simples traductions ne pouvaient opérer, en Italie, la révolution désirée par les amis des mœurs et des lettres* D’ailleurs, la traduction peut faire connaître