Page:Goldsmith - Le Vicaire.djvu/73

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« Sans appui, égaré, je chancelle, je me traîne lentement dans ce désert, dont l’immensité semble s’étendre à mesure que je vais.


« Arrête, mon fils, s’écria l’ermite ; n’affronte pas ces périlleuses ténèbres ! ce perfide gnome fuit devant toi pour t’attirer vers l’abîme.


« Ici, ma porte s’ouvre toujours à l’enfant du besoin sans abri : ma part est bien petite, mais je la donne de bon cœur.


« Reste donc pour cette nuit, et accepte sans crainte ce que t’offre cette cellule, ma couche de joncs, mon repas frugal, ma bénédiction et le repos.


« Je ne condamne pas à la mort la brebis errant en liberté dans le vallon : l’exemple de ce grand être qui a pitié de moi m’apprend à avoir pitié d’elle !


« Je trouve, sans crime, au flanc verdoyant de la montagne, ma nourriture, une poignée d’herbes et de fruits, l’eau de la source.


« Reste, pèlerin, dépose les pensées qui t’accablent : toute pensée qui vient de la terre est mauvaise ; l’homme n’a besoin que de peu, et ce peu — il n’en a pas besoin longtemps. »


Ces accents consolateurs tombent sur l’étranger, doux comme la rosée qui descend du ciel : il incline, avec humilité, son front modeste et suit vers la cellule.


Elle se cachait, solitaire, au fond du désert sombre, asile du pauvre des environs et du voyageur égaré.


Nulle richesse, sous son humble chaume, ne réclamait la vigilance du maître. La porte, s’ouvrant avec un simple loquet, reçut le couple innocent.


À cette heure où la foule affairée se retire pour le repos de la nuit, l’ermite ranime les faibles restes de son feu, et cherche à égayer son hôte pensif.