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Page:Gomot - Histoire de l’abbaye royale de Mozat, 1872.djvu/73

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L’ABBAYE DE MOZAT.

Dans le principe, le moine n’avait rien à lui. — Chaque meuble, chaque objet du monastère appartenaient à tous. Quant à l’argent, il ne pouvait en posséder sous peine d’excommunication. Au XIIIe siècle la sépulture commune fut refusée à un religieux de Mozat qui avait caché quelques deniers sous une pierre de sa cellule… Mais ce détachement des biens du monde ne fut pas de longue durée dans les monastères. En 1308, l’abbaye de Cluny alloua aux officiers claustraux une somme d’argent annuelle ; ce fut un fâcheux précédent qui trouva de rapides imitateurs dans tous les couvents de l’ordre. À Mozat, l’aumônier reçut en propriété une redevance annuelle de 400 livres ; 290 l. étaient dues au chambrier, 350 au sacristain. Au XVIe siècle, cette rétribution ne suffisait plus et chaque officier claustral, sous prétexte d’acquitter des charges de communauté, se faisait attribuer des domaines, des prieurés dont il accumulait les revenus au profit de sa famille. Dès lors, l’inégalité fut introduite dans le cloître et avec elle toutes les passions que fait naître l’ambition de s’enrichir.

Dans de semblables conditions, les religieux devaient chercher à s’affranchir de l’obligation de la vie commune, mais l’abbaye suzeraine réprima longtemps toutes leurs tentatives. Aux XVIe et XVIIe siècles, les moines de Mozat reçurent à ce sujet de sévères admonitions et, même au XVIIIe siècle, Cluny ne se départit pas de cette exigence, car le 17 mai 1702, « frère Jean Papon grand prieur du sacré monastère et ordre de Cluny » tenait un chapitre à