Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/120

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Tribune, la mieux vierge de toutes ses Vierges, et la meilleure de ses mères du Christ. « La Vierge de l'Impennata » et la « Vierge à la Chaise », les Vierges célèbres, connues, consacrées de Raphaël n’ont plus rien de perruginesque, plus rien de la transformation spirituelle, apportée dans la physionomie par le christianisme, à l’époque de l’effervescence de la Foi. Ces Vierges sont, dans une peinture toute matérielle, les portraits de la Mère des douleurs, de la Consolatrice des affligés, faits avec les proportions géométriques et le canon de la beauté marmoréenne de l’antiquité païenne.



Pietro di Cosima — Étrange type de sainteté. Tête de femme, d’une pâleur dorée comme par une lumière de Rembrandt, sous des cheveux acajou, avec des yeux cerclés d’une cernée de bistre, qui les fait, sous l’abaissement de la paupière, à la fois profonds et étincelants, le nez petit, la bouche plus petite encore : — de la mignardise dans l’expression passionnée d’une tête exotique.



Luca Signorelli — Vierge surveillant, de ses deux mains tendues, la marche trébuchante de l’enfant Jésus. Fond d’Arcadie, où paissent des chevaux, près de pasteurs soufflant dans des flûtes de roseaux. Un paysage