Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/167

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de police, — un délire soumis à une discipline, comme un soldat sous les armes.

Au Corso, seulement, dans et sur ces équipages de l’étranger et de l’aristocratie florentine, le Carnaval a fait montre, le mardi gras, d’élégance, de gaieté d’esprit, d’imagination carnavalesque, dans le travestissement.

Ici, on voyait une voiture de dominos noirs, attelée de chevaux noirs, sur lesquels était tombée une neige, tout à fait illusionnante, une neige faite avec de petits morceaux de ouate ; là, une voiture italienne faisant la charge merveilleuse d’une famille anglaise voyageant, avec l’échafaudage des malles et des cartons, et le vieil englishman, porteur de lunettes vertes, un calepin à la main, et la jeune miss, avec son sempiternel chapeau de paille, au voile bleu, porté hiver comme été, avec sa silskine à la fourrure mangée, et une mère et des domestiques inconcevables ; plus loin, une voiture où se tenait un homme seul, tout habillé de lierre peuplé d’escargots, et ayant une longue barbe en mousse. Enfin, dans un équipage de la noblesse florentine, attelée à la Daumont, une charretée de jeunes élégants, en pierrots autochtones : le pierrot italien à la casaque de satin blanc, aux bas de soie blancs, aux souliers jaunes, parmi d’autres pierrots mi-partie blancs, mi-partie noirs, coiffés de marabouts, et ayant sur la figure des masques représentant la lune : — les deux