Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/173

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sition des œuvres les plus pieusement jolies de ce peintre, — qui ne peignit jamais un crucifix, sans répandre des larmes, — de ce coloriste vraiment paradisiaque, dont les femmes, qu’il prend pour modèles sur la terre, ont des coquetteries mystiques, qui leur font, si on ose le dire, faire l'œil au ciel. C’est d’abord une « Descente de croix » avec son ciel d’outremer, sur lequel courent des souffles de nuages, pareils à l’écume blanche du dessus des vagues, et où des encensoirs montent dans le firmament, comme des cerfs-volants, une Descente de croix, avec sa terre stellée de petites fleurettes, et sous une lumière qui montre les choses et les êtres éclairés d’un prisme céleste, et où les douleurs apparaissent enfermées en elles-mêmes, et les désolations discrètes, et les désespoirs ne touchant pas aux traits du visage, mais tout contenus dans la prière des mains, dans l’espoir confiant des yeux.

C’est encore « l’Ensevelissement du Christ » qu’on pourrait appeler l’hymne pieux et désolé des couleurs claires, et où la douleur, sur ces visages, sur ces fronts ronds et polis, ne semblant contenir que des idées d'innocence, est exprimée presque seulement par une pâleur exsangue, comme si par les blessures du Christ, avait coulé tout le sang de ce monde désolé ! Mais, où ce peintre est tout à fait surprenant, et va au delà de l’art humain de la peinture, c’est dans ce tableau