Page:Goncourt, L'Italie d'hier, 1894.djvu/180

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Et là, dans ce bain de lumière aiguë, en la montée et la descente de ces petits chemins, tout le long, bordés de noirs cyprès, à un détour, l'œil du promeneur imaginatif a, parfois, comme l’illusion d’entrevoir, une seconde, le chaperon rouge du poète florentin, cherchant les beaux et grands vers italiens de sa Divine Comédie. Cette cour du grand-duc Léopold II est si bourgeoise, si aimablement bourgeoise, qu’elle a donné trois idées à notre compagnon de voyage, Louis Passy : la première, d’y aller en parapluie, la seconde d’y prendre ostensiblement des notes sur un calepin, et la troisième, aujourd’hui, où nous sommes à la veille de partir, d’y mettre des cartes, avec P. P. C.

Un repère pour constater l’âge des vieux tableaux italiens : l’écartement des yeux[1]. De Cimabué à la Renaissance, les yeux vont, de maître en maître, en s’éloignant du nez, perdent le caractéristique du rapprochement byzantin, regagnent les tempes, et finissent par revenir chez le Corrège et chez André del Sarte, à la place où les mettaient l’Art et la Beauté antiques.

  1. C’est le mode d’expertise pour la fixation de la date des peintures italiennes anonymes, adoptée par le sénateur Morelli, depuis la publication de cette note, dans Idées et Sensations.