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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/134

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Les yeux du Roi s’ouvraient, sa froideur se laissait vaincre. Peu à peu et comme à son insu, il dépouillait les rudesses et les brusqueries de ses façons et de sa nature. Il se surprenait à vouloir

    Madame Lebrun s’exprime ainsi : « Marie-Antoinette était grande, admirablement bien faite, assez grosse sans l’être trop. Ses bras étaient superbes, ses mains petites, parfaites de formes, et ses pieds charmants. Elle était la femme de France qui marchait le mieux, portant la tête fort élevée, avec une majesté qui faisait reconnaître la souveraine au milieu de toute sa cour, sans pourtant que cette majesté nuisît en rien à tout ce que son aspect avait de doux et de bienveillant. Enfin il est très-difficile de donner à qui n’a pas vu la Reine, une idée de tant de grâces et de tant de noblesse réunies. Ses traits n’étaient point réguliers, elle tenait de sa famille cet ovale long et étroit particulier à la nation autrichienne. Elle n’avait point de grands yeux, leur couleur était presque bleue, son regard était spirituel et doux, son nez fin et poli, sa bouche pas trop grande, quoique les lèvres fussent un peu fortes. Mais ce qu’il y avait de plus remarquable dans son visage, c’était l’éclat de son teint. Je n’en ai jamais vu d’aussi brillant, et brillant est le mot ; car sa peau était si transparente qu’elle ne prenait point d’ombre. »

    Quant à Horace Walpole, c’est du lyrisme qui s’échappe de sa plume : « Un mot suffira d’ailleurs pour tout ce que j’ai à vous dire : on ne pouvait avoir des yeux que pour la Reine ! Les Hébés et les Flores, les Hélènes et les Grâces, ne sont que des coureuses de rues à côté d’elle ! Quand elle est debout ou assise, c’est la statue de la beauté ; quand elle se meut, c’est la grâce en personne. Elle avait une robe d’argent semée de lauriers rosés ; peu de diamants et des plumes beaucoup moins hautes que le Monument… Il y a quatre ans je lui trouvais de la ressemblance avec une duchesse anglaise, dont j’ai oublié le nom ! mais depuis quelques années la Reine a eu le ceste de Vénus. »

    Les représentations peintes, sculptées, gravées, de Marie-Antoinette sont nombreuses :

    Le Musée de Versailles possède un curieux portrait dans une robe bleue de Marie-Antoinette à quinze ans. Il y a là un autre portrait de Roslin qui représente la reine de France en