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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/163

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Le petit Dauphin avait été mis entre les mains de la princesse de Guéménée, gouvernante des Enfants de France ; mais, au bout d’une année, la banqueroute du prince de Guéménée amenait la retraite de sa femme. La reine songea aussitôt à donner la place de la princesse de Guéménée à madame de Polignac. Elle redoutait pour la direction de son fils l’austérité de madame de Chimay, le trop de savoir et le trop d’esprit de madame de Duras. Le choix de madame de Polignac accordait tout, et la satisfaction de son amitié, et la sécurité de sa sollicitude maternelle. Cependant, tout en se flattant de l’idée de confier ce qu’elle avait de plus cher à celle qu’elle aimait le mieux, d’avoir auprès de son fils une amie partageant ses tendresses et ses idées de mère, la Reine n’osait espérer l’acceptation de madame de Polignac. Elle n’osait pas même la solliciter. Quand M. de Besenval, poussé par la cousine de madame de Polignac, madame de Châlons, venait parler de cette nomination à la Reine, quel était le premier mot de la Reine ? « Madame de Polignac ?… Je croyais que vous la connaissiez mieux : elle ne voudrait pas de cette place. »

La Reine jugeait bien son amie. Madame de Polignac était sincère, en effet, dans la violence qu’elle demandait aux bontés de la Reine. Nous l’avons déjà dit, insoucieuse, nonchalante, sans passion, ennemie des affaires, du tracas et du fracas des grandes positions[1] ; madame de Polignac sem-

  1. Mercy-Argenteau ne juge pas justement, je crois, Mme de Polignac. Elle n’était ni ambitieuse ni avide ; elle fut