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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/20

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tinent américain, depuis le 25e degré jusque sous le pôle. Elle voulait et obtenait une dernière humiliation de la France. Par le traité de Paris, les fortifications de Dunkerque ne pouvaient être relevées, et la ville et le port devaient rester indéfiniment sous l’œil et la surveillance de commissaires de l’Angleterre, établis à poste fixe et payés par la France[1]. Un moment la France avait craint que l’humiliation n’allât plus loin encore, et que l’Angleterre n’exigeât l’entière démolition du port[2].

L’Angleterre est donc l’ennemi, elle est le danger pour la France et pour le maintien de son rang parmi les puissances, pour la maison de Bourbon et pour l’honneur de la monarchie. Devant ce peuple, parvenu à la domination de la mer par son commerce, par sa marine, par les ressorts nouveaux de la prospérité des empires modernes ; devant cet orgueil, qui veut déjà exiger le salut de toute marine sur tous les océans du monde, et qui prétend, à voix haute, dans le parlement, « qu’aucun coup de canon ne doit être tiré en Europe sans la permission de l’Angleterre ; » devant cette vieille haine contre la France, cette jalousie sans merci et sans remords, qui, après avoir usé contre la France de surprises et de trahisons, abuse de ses malheurs ; devant cette politique anglaise, qui déclarera, par

  1. Politique de tous les cabinets de l’Europe pendant le règne de Louis XV et Louis XVI. Paris, Buisson, 1793. — Les fastes de Louis XV à Villefranche, 1782. — Vie privée de Louis XV. Londres, 1785.
  2. Lettre du duc de Choiseul. Catalogue de lettres autographes du 29 novembre 1857.