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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/21

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la bouche de milord Rochefort, « tout arrangement ou événement quelconque contrariant le système politique de la France nécessairement agréable à S. M. Britannique ; » qui déclarera encore, par la bouche de Pitt, « n’estimer jamais assez grande l’humiliation de la maison de Bourbon[1] ; » devant cet accroissement énorme, cette prétention insolente, cette inimitié implacable, qu’alarment encore l’impuissance et les désastres de la France, la France se devait, avant tout, d’oublier toutes choses pour se défendre contre tant de menaces. Il lui fallait abandonner la politique de l’ancienne France, de Henri IV au cardinal de Fleury, du traité de Vervins à l’établissement d’un Bourbon sur le trône de Naples ; abandonner la pensée des Richelieu, des Davaux, des Mazarin, des Servien, des Belle-Isle, la tradition de Louis XIV, cette longue poursuite de l’Autriche allemande et de l’Autriche espagnole, contre lesquelles le grand roi avait poussé, toute sa vie, ses généraux et ses victoires. De nouveaux destins commandaient à la France de quitter cette lutte et ces ombrages, et de tourner contre l’Angleterre sa diplomatie et ses armes, les tentatives de son courage et les efforts de son génie.

Le ministre français qui écrivait, en 1762, au duc de Nivernois, à propos des bruits de démolition de Dunkerque : « Jamais, monsieur le Duc, dussé-je en mourir, je ne donnerai mon consentement à une pa-

  1. Vie privée de Louis XV. — Politique de tous les cabinets.