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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/204

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« J’ai appris, Monsieur, par madame de Tourzel la part que vous avez prise à l’allégresse publique, sur l’heureux événement qui vient de donner à la France un héritier à la couronne. Je remercie Dieu de la grâce qu’il m’a fait d’avoir comblé mes vœux et me flatte de l’espoir que s’il daigne nous conserver ce cher enfant, il sera un jour la gloire et les délices de ce bon peuple. J’ai été sensible aux sentiments que vous m’avez exprimés dans cette circonstance, ils m’ont rappelés avec plaisir ceux que vous m’avez autrefois inspirés chez ma mère. Vous asseurant, Monsieur le Duc, que depuis ce moment ils n’ont pas cessés d’être les mêmes pour vous, et que personne n’a le plus le vif désir de vous en convaincre que

    « MARIE-ANTOINETTE.
    Versailles, 15 avril[1]. »

Le duc de Normandie était né le 5 avril 1785, et le duc de Choiseul mourait le 9 mai de la même année, enlevant, par sa mort, à la Reine un ami dont l’amitié n’avait pas ces dangers, dont la faveur peut-être n’aurait pas eu ces exigences.

Ainsi la Reine devait renoncer à la seule illusion, à la seule œuvre politique à laquelle elle eût mis quelque suite : la rentrée aux affaires du négociateur de son mariage. C’était en vain qu’elle avait rapproché peu à peu M. de Choiseul du Roi, de ce Roi qui avait dit si longtemps : « Qu’on ne me

  1. Collection du comte Orloff. Iconographie des contemporains de Delpech.