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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/223

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que, tout bien considéré, — on était alors en guerre, — il valait mieux acheter un vaisseau à la France qu’un collier à la Reine. Un an après, Bœhmer, ayant échoué dans le placement de son collier auprès des cours d’Europe, le Roi venait de nouveau l’offrir à la Reine, et la Reine renouvelait encore une fois ses refus. Sur ce refus, Bœhmer sollicitait, en qualité de joaillier de la couronne, une audience de la Reine. Il se jetait à ses pieds, lui déclarant qu’il était un homme ruiné, qu’il n’avait plus qu’à se jeter dans la rivière. La Reine répondait à Bœhmer qu’elle ne lui avait point commandé ce collier qui le ruinait ; qu’à toutes ses propositions de beaux assortiments, elle lui avait déclaré au contraire ne vouloir pas ajouter quatre diamants à ses diamants. « Je vous ai refusé votre collier, disait en finissant la Reine ; le Roi a voulu me le donner, je l’ai refusé de même. Ne m’en parlez donc jamais. Tâchez de le diviser et de le vendre, et ne vous noyez pas. » De ce jour, la Reine, mise en garde contre la répétition de pareilles scènes, évitait Bœhmer, et, pour mieux l’éviter, donnait toutes ses parures à réparer au valet de chambre joaillier. Tout semblait terminé pour la Reine, lorsque, le 3 août 1785, Bœhmer se présentait à madame Campan, réclamant l’argent du collier acheté par le cardinal de Rohan au nom de la Reine. Madame Campan informait la Reine de la réclamation de Bœhmer. La Reine, qui avait vu Bœhmer très exalté, le croyait fou. Mais une entrevue avec Bœhmer, puis le mémoire de Bœhmer et Bassange, instruisaient bientôt