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grand acte de son ministère durable. Le cœur de l’impératrice accueillait le projet de M. de Choiseul. Lors de son voyage en Pologne, en 1766, madame Geoffrin, de passage à Vienne, caressant la charmante petite archiduchesse Marie-Antoinette, la trouvant « belle comme un ange, » et disant qu’elle voulait l’emmener à Paris : « Emportez ! Emportez ! » s’écriait Marie-Thérèse[1].

Marie-Antoinette-Josèphe-Jeanne de Lorraine, archiduchesse d’Autriche, fille de François Ier, empereur d’Allemagne, et de Marie-Thérèse, impératrice d’Allemagne, reine de Hongrie et de Bohême, était née le 2 novembre 1755.

Marie-Thérèse, pendant sa grossesse, avait parié une discrétion contre le duc de Tarouka, qui lui annonçait un archiduc. La naissance de Marie-Antoinette faisait perdre le duc de Tarouka, qui, pour s’acquitter, apportait à l’impératrice une figurine en porcelaine, un genou en terre, et présentant des tablettes où Métastase avait écrit :

Io perdei : l’augusta figlia
A pagar m’a condannato ;
Ma s’e ver che a vol somiglia,
Tutto il mondo ha guadagnato[2].

L’archiduchesse grandissait à côté de ses sœurs, associant Mozart à ses jeux. Marie-Thérèse n’aban-

  1. Portraits intimes du XVIIIe siècle, par Edmond et Jules de Goncourt.
  2. Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, par Mme  Campan. Paris, 1826, vol. I.