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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/245

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Qu’ajouter ? La lumière est faite, comme jamais peut-être elle n’a été faite dans une affaire semblable. Les preuves sont des faits. La vérité, la duperie du cardinal, l’escroquerie de madame de la Motte, l’innocence de la Reine, ne sont pas à démontrer : elles éclatent et n’appartiennent plus à la discussion. Où donc l’opinion, qui ne voulait point de la lumière, qui ne voulait point de la vérité, qui ne voulait point de l’innocence de la Reine, était-elle réduite à se réfugier ? Où ? Dans les nouveaux mensonges de madame de la Motte, dans les calomnies de son Sommaire[1]. Que dis-je ? Dans le murmure et le balbutiement de ses réponses, dans les lambeaux de ses interrogatoires infidèlement rapportés ! Il fallait, pour se refuser à l’évidence, abaisser sa foi jusqu’à ces libelles que publiera la Motte, l’épaule encore rouge du V de voleuse ; il fallait croire à l’authenticité de toutes les lettres de la Reine, y croire contre la déclaration de Réteaux de Villette, y croire contre l’aveu du faussaire ! il fallait, — car dans ce système la calomnie doit aller jusqu’au bout de la stupidité, — il fallait supposer que la signature fausse de la Reine, apposée au traité, y avait été apposée du gré de la Reine pour arracher le collier à Bœhmer, et demeurer libre de tout engagement. Il fallait admettre que la scène du parc avait été commandée par la Reine à la d’Oliva, pour se donner le divertissement de voir

  1. Sommaire pour la comtesse de Valois de la Motte, accusée, contre M. le procureur général, accusateur, en présence de M. le cardinal de Rohan et autres accusés.