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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/246

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jouer à une courtisane le rôle d’une Reine de France. Il fallait admettre enfin que les diamants vendus par le comte de la Motte avaient été vendus par l’ordre de la Reine, pour dénaturer le collier et en réaliser l’argent en le dissimulant aux vendeurs !

Aujourd’hui, pour douter et faire douter encore, à quoi l’historien est-il contraint ? Il lui faut accepter les affirmations haineuses de l’abbé Georgel, qui ne pardonne pas à la Reine d’avoir été chassé de l’ambassade de Vienne par le baron de Breteuil. Il lui faut s’appuyer sur ces Mémoires du comte Beugnot, l’ami, la dupe et le confesseur des fables de madame de la Motte ; il lui faut enfin, renonçant au contrôle de l’histoire, et, dans le récit de cette imposture, abusé par une imposture, baser son récit et sa conviction sur des Mémoires apocryphes, sur ces Mémoires de mademoiselle Bertin, dont les éditeurs eux-mêmes ont reconnu la fausseté et la supercherie[1].

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Le procès est à sa fin. Madame de la Motte, qui a cherché son salut dans la comédie d’une subite folie, le cherche dans les insinuations perfides, puis dans l’audace et l’intimidation de la calomnie. Elle espère se sauver en accusant la Reine, ou du moins échapper à l’infamie en se faisant passer auprès de l’opinion pour la victime d’une intrigue de cour. Derrière elle, la poussant dans cette voie, l’enhar-

  1. Les supercheries dévoilées, par J. Querard.