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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/257

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entendaient gouverner avec les idées d’un Turgot et la science des hommes d’un Maurepas.

L’erreur de ce projet impraticable, impraticable surtout à des hommes d’Église, livrait la Reine aux vengeances et aux colères du parti de l’archevêché, aux dénonciations des lettres adressées à M. de Marbeuf : « On dit que le favori, le lecteur, l’instituteur de la Reine, l’abbé de Vermond, vous fait la loi comme aux autres. On dit qu’il dispose des places comme des bénéfices, et est guidé par une puissance invisible (la Reine) cachée derrière le rideau[1]. » Puis se trahissait d’abord, éclatait bientôt la déplorable insuffisance du ministre, qui, dans ses débats avec les parlements, découvrait la Reine, ameutait les passions contre elle, et l’abandonnait à l’opinion publique. Les fautes et les dilapidations du passé, l’embarras des finances, les malheurs de la politique, tout alors était attribué à la Reine ; tous l’accusaient du présent, des sévérités nouvelles du Roi, de l’exil des parlements ; et il semblait que les parlements portassent la voix de la France au pied du trône, quand ils osaient dénoncer la Reine à Louis XVI : « De tels moyens, Sire, ne sont pas dans votre cœur ; de tels exemples ne sont pas dans les principes de Votre Majesté ; ils viennent d’une autre source[2]… »

La Reine voyait qu’elle avait été déçue par la haute opinion du génie de M. de Brienne, dans la-

  1. Mémoires de Weber, vol. II.
  2. Id.