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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/258

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quelle elle avait été entretenue de si longue main ; déçue par les assurances de M. de Vermond, déçue par les promesses de son candidat, l’abondance de sa parole, la présomption de son orgueil. La déclaration du déficit, l’échec de la cour plénière, l’échec du lit de justice, enfin la déclaration du lit de justice, enfin la déclaration du 8 août 1788, qui convoquait les états généraux pour le 1er mai 1789, apprenaient à la Reine qu’il était aussi dangereux de recevoir des ministres de la main de l’abbé de Vermond que de la main des Polignac. Elle faisait elle-même appeler l’archevêque et lui demandait de se retirer, adoucissant sa disgrâce par le témoignage et les preuves de sa reconnaissance[1], voulant payer, sinon les talents du ministre, au moins de ses tentatives, ses efforts, son dévouement. La Reine se soumettait. Elle trompait l’opinion qu’on pouvait avoir de son caractère, l’attente de résistances et de luttes, possibles encore à ce moment : elle s’humiliait devant la volonté de la nation ; et, loin d’entraîner le Roi aux résolutions extrêmes, la Reine, oubliant les écrits par lesquels, depuis sa sortie du ministère, M. Necker s’était aliéné sa protection et ses sympathies, la Reine faisait l’intermédiaire du retour de l’ancien ministre. M. Necker était introduit chez la Reine avant d’entrer chez le Roi, et c’était la Reine qui, par ses plaintes sur le malentendu entre la France et elle, par les vives expressions de son désir de rentrer en sa faveur, dans son

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. II.