Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/269

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petite vérole[1], le confident de Mesdames, leur allié, le prince de Condé ne pouvait pardonner à Marie-Antoinette de n’avoir point voulu recevoir à la cour sa maîtresse, madame de Monaco ; et les familiers de Versailles représentaient ce prince à la Reine comme un personnage tenace, obstiné, ambitieux, ténébreux même, et heureux de faire naître des dangers[2]. Le duc de Bourbon, trop pauvre d’esprit et trop paresseux de tête pour faire ses opinions lui-même, pensait comme on hérite : il acceptait les inimitiés de son père, aigries encore en lui par l’intérêt et la sollicitude fraternelle donnés par Marie-Antoinette, lors de son duel, à son adversaire, le comte d’Artois.

Le fils du prince de Conti, le comte de Lamarche, ce prince qui avait compromis d’une façon honteuse son nom et les traditions d’opposition de son père dans le parti Terray et Maupeou, le comte de Lamarche, après avoir insulté M. de Choiseul et déserté Versailles, se contentait de faire à la Reine la même cour que son père, l’abordant et la saluant en Parisien dans les corridors de l’Opéra[3]. Bientôt il lui faisait la guerre, en se déclarant contre les ministres Calonne et Brienne ; et demain, dans le danger de la monarchie, la Reine verra ce valet de l’opinion « demander pardon à tout le

  1. Correspondance secrète (par Métra), vol. I.
  2. Recueil des pièces justificatives de l’acte énonciatif des crimes de Louis Capet. Troisième recueil.
  3. Mémoires d’un voyageur qui se repose, par Dutens, vol. I.