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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/270

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monde d’un titre qui le fait mourir de peur[1]. »

Le duc d’Orléans… hélas ! que de faiblesse en celui-ci, dont la haine même fut une faiblesse ! Tête et cœur, tout en lui était trop petit pour une telle passion. Mais quel travail de ses conseillers, quel complot des intérêts particuliers s’empressant à forcer sa conscience et sa nature ! Ç’avait été une œuvre souterraine, lente et patiente, qui avait changé en une inimitié ulcérée et saignante cette amitié du duc de Chartres avec la Reine, assez vive un moment pour avoir été calomniée. Louis XVI n’avait jamais eu ces bonnes dispositions de la Reine ; dès le commencement de son règne, il avait montré son éloignement pour le duc, sa mauvaise humeur contre les amis du duc. Ces sentiments de Louis XVI, qui forçaient Marie-Antoinette à éloigner ce prince du sang de sa familiarité, étaient montrés au prince comme l’ouvrage et la joie de la Reine. Dès lors ce fut la Reine qui fut coupable, au dire des amis du prince, de tous ses échecs et de tous ses affronts. C’était la Reine qui encourageait les satires contre le duc à propos du combat d’Ouessant ; la Reine qui l’empêchait d’obtenir la charge de grand amiral de France ; la Reine qui lui valait cette épigramme, la nomination de colonel général des husards ; la Reine encore qui avait fait manquer le mariage d’un de ses fils avec Madame[2]. Puis, quand cette

  1. Chronique scandaleuse, 1789.
  2. Mémoires de Weber, vol. I. — Mémoires de Mme Campan, vol. I. Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de la Marck. Introduction.