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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/277

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vizir, apprenant à Constantinople la proclamation de la république, s’écriera : « C’est bon ! cette république n’épousera pas des archiduchesses[1]. »

Cette hostilité universelle contre la princesse autrichienne assurait-elle au moins à Marie-Antoinette l’entier dévouement de sa maison, l’appui sans réserve de l’Autriche ? Non. Les souverains appartiennent à leur patrie avant d’appartenir à leur famille ; et l’empereur Joseph n’avait point trouvé dans sa sœur une alliée assez obéissante, un instrument assez docile des intérêts de son empire, des projets de son règne, des espérances de sa diplomatie, des tentatives de ses armes. Quand il avait voulu s’emparer de la Bavière, et réclamé du roi de France le secours de 24,000 hommes stipulé dans le traité de 1756, ou, à défaut de ce secours, un subside d’argent, quand la guerre de l’Autriche avec la Prusse semblait imminente, la Reine n’avait usé que de ses pleurs pour détourner cette guerre de sa maison. Le Roi écrivait à M. de Vergennes : «… J’ai vu la Reine après qu’elle vous a eu vu. Elle m’a paru fort affectée d’un sentiment d’inquiétude bien juste sur la guerre qui pourrait éclater d’un moment à l’autre entre deux rivaux si près l’un de l’autre ; elle m’a parlé aussi de ce que vous n’aviez pas assez fait pour la prévenir : j’ai tâché de lui prouver que vous aviez fait ce qui était en vous, et que nous étions prêts à faire toutes les démarches amicales que la cour de Vienne pour-

  1. Mémoires historiques et politiques, par Soulavie, vol. III.