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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/278

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rait nous suggérer. Mais en même temps je ne lui ai pas laissé ignorer le peu de fondement que je voyais aux acquisitions de la maison d’Autriche, et que nous n’étions nullement obligés à la secourir pour les soutenir, et, de plus, je l’ai bien assurée que le roi de Prusse ne pourrait pas nous détourner de l’alliance, et qu’on pouvait désapprouver la conduite d’un allié sans se brouiller avec lui[1]. » Sur cette simple assurance du Roi, appuyée par M. de Maurepas, la Reine renonçait à se mêler de la négociation ; si bien que l’empereur faisait des plaintes de sa sœur au comte de la Marck.

Lorsqu’en 1784, Joseph II avait voulu exiger l’ouverture de l’Escaut, et s’établir à Maëstricht, il s’était encore adressé à la Reine. Et la Reine avait encore refusé d’entrer dans cette affaire. Elle s’était bornée à solliciter auprès du Roi une médiation de la France qui procurât à son frère la sortie la plus honorable de cet imprudent coup de tête[2]. Ces refus, dont Marie-Antoinette eut le courage, ces refus, auxquels la Reine força son cœur de sœur, ces nobles refus, affirmés par des témoins dont le témoignage est indiscutable, qui les niera aujourd’hui après cette lettre de la Reine à son frère ?

« Vous savez combien le Roi est parfait pour moi, et il n’agit que d’après son cœur quand il est question de vous ; je ne fais de vœux si ardents pour personne que pour vous, mais vous comprendrez que je ne sois

  1. Mémoires historiques et politiques, par Soulavie, vol. IV.
  2. Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de la Marck. Introduction.