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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/315

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Bientôt il montait à la tribune, et là, faisant tonner la menace, il appelait la colère populaire sur la Reine à propos du repas des gardes du corps. Il avait déchaîné les journées d’Octobre !

Au mois d’avril 1790, le lendemain du jour où Mirabeau avait eu une entrevue secrète avec le compte de Mercy chez M. de la Marck, M. de la Marck était mandé chez la Reine. La Reine lui disait que « depuis deux mois elle avait, conjointement avec le Roi, pris la résolution de se rapprocher du comte de Mirabeau » ; et tout aussitôt, avec un accent d’embarras, elle demandait à M. de la Marck s’il croyait que Mirabeau n’avait point eu part aux horreurs des journées des 5 et 6 octobre. L’ami de Mirabeau se hâtait d’affirmer qu’il avait passé ces deux journées en partie avec lui, et qu’ils dînaient ensemble tête à tête précisément lorsque l’on annonça l’arrivée de la populace de Paris à Versailles : « Vous me faites plaisir, — disait la Reine, que le ton de M. de la Marck rassurait et persuadait un moment ; — j’avais grand besoin d’être détrompée sur ce point. »

Mirabeau envoyait sa première note à la cour, et M. de la Marck venait s’informer auprès de la Reine de l’effet de cette première note. La Reine assurait M. de la Marck de la satisfaction du Roi. Elle lui parlait de l’éloignement du Roi de vouloir recouvrer son autorité dans toute l’étendue qu’elle avait eu autrefois ; elle lui disait combien il croyait peu que cela fût nécessaire et à son bon-