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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/316

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heur personnel et au bonheur de ses peuples. Puis elle questionnait M. de la Marck sur ce qu’il y aurait de mieux à faire pour que M. de Mirabeau fût content d’elle et du Roi. M. de la Marck venait demander ses conditions à Mirabeau. Ses dettes payées, Mirabeau ne demandait que cent louis par mois pour arrêter la Révolution. Le jour où M. de la Marck retournait auprès de la Reine, la Reine lui disait : « En attendant que le Roi vienne, je veux vous dire qu’il est décidé à payer les dettes du comte de Mirabeau. » Peu après, le Roi confirmait cette promesse, promettait en sus 6,000 livres par mois, et donnait à M. de la Marck, devant la Reine, quatre billets de sa main, chacun de 250,000 livres, qui ne devaient être remis à Mirabeau qu’à la fin de la session « s’il me sert bien, » disait le Roi[1]. Ainsi Mirabeau était acheté, et il n’échappait même pas à la honte d’être acheté à forfait.

Pendant toute cette négociation, d’un jour à un autre jour, d’une heure à l’heure suivante, que de variations dans la pensée de la Reine ! Le malheur ne l’avait point encore guérie de la mobilité d’esprit. Elle flottait, elle errait de l’espérance à la crainte, de la foi au doute. Elle s’abandonnait aux promesses de Mirabeau, puis elle en repoussait les assurances. M. de la Marck, M. de Mercy venaient de la convaincre ; elle s’étonnait de désespérer. Hier, elle se disait qu’un homme si puissant pour le

  1. Correspondance entre le comte de Mirabeau et le comte de la Marck, vol. I.