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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/323

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de Boulogne, où la Reine accompagnait le Roi[1], étaient le seul exercice permis au Roi, que le défaut de mouvement finissait par rendre malade. Au commencement d’avril, la Reine obtenait du Roi de repartir pour Saint-Cloud. Le Roi, la Reine et la famille royale montaient en voiture. La garde nationale fermait les grilles en jetant à la Reine les insultes de la rue[2], et les prisonniers d’Octobre étaient ramenés aux Tuileries. Dès lors ce fut l’unique pensée et l’unique effort de la Reine d’emporter la volonté du Roi et de faire sortir la royauté de prison.

Le 20 juin, dans une promenade que la Reine faisait avec sa fille à Tivoli, chez M. Boutin, la Reine, prenant sa fille à part, lui disait « de ne pas s’inquiéter de ce qu’elle verrait, qu’elles ne seraient jamais séparées pour longtemps, qu’elles se retrouveraient bien vite ». Et la Reine embrassait tendrement l’enfant toute émue et qui ne comprenait pas. Le soir, Marie-Thérèse-Charlotte, descendue à l’entresol de l’appartement de sa mère, trouvait son frère qu’on habillait en petite fille, tombant de sommeil et charmant ainsi. Il disait à sa sœur qu’il croyait « qu’ils allaient jouer la comédie parce qu’on les déguisait ». La Reine venait de temps en temps surveiller la toilette du Dauphin. Les enfants prêts, elle les menait par l’appartement du duc de Villequier à la voiture attendant au milieu de la

  1. Éloge historique de Mme Élisabeth de France, par Ferrand. Paris, 1824.
  2. L’Orateur du peuple, vol. V.