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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/324

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cour, et les y faisait entrer avec madame de Tourzel. Au bout d’une heure, arrivait Madame Élisabeth ; vers les onze heures, le Roi ; enfin la Reine, qui avait été obligée de se ranger contre la muraille pour laisser passer la voiture de la Fayette, et s’était un moment perdue[1].

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Ils revenaient de Varennes !… Marie-Antoinette, en descendant de voiture, trouvait, pour l’aider à descendre, la main du vicomte de Noailles ; d’un regard elle repoussait cette main[2], et, fière encore et le front haut, elle rentrait dans sa prison. Quelques jours après, elle écrivait : « Je ne puis rien dire sur l’état de mon âme. Nous existons ; voilà tout[3] !… »

Alors autour de la Reine commençait l’inquisition qui devait la torturer jusqu’au dernier de ses jours. La Reine était mise sous la surveillance de la femme de garde-robe qui l’avait trahie. Nulle autre femme ne devait la servir que cette femme, dont M. de Gouvion, aide de camp de M. de la Fayette, avait fait placer le portrait au bas de l’escalier de la Reine. Les plaintes énergiques du Roi auprès de M. de la Fayette purent seules délivrer Marie-Antoinette de la présence et du service de cette malheureuse ; mais ce renvoi ne changea rien à la surveillance, qui resta une surveillance de geôliers.

  1. Récit de Madame.
  2. Journal de la cour et de la ville, 29 juin 1791.
  3. Mémoires de Mme Campan, vol. II