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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/376

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oser par elle-même, de peur de cacher le Roi, de le voiler, de le diminuer ; et, se formant aux vertus de Louis XVI, elle attendait, répétant « que les devoirs d’une Reine qui n’est pas régente sont de rester dans l’inaction et de se préparer à mourir[1]. »

Arrivait la seconde fédération. La Reine partait pour le Champs-de-Mars, ne croyant pas revoir les Tuileries[2]. On tremblait au château ; mais la Reine revenait le soir, et son retour inespéré était salué par ces mots : « Dieu soit loué ! la journée du 14 est passée[3]. »

Une démarche tentée auprès de la Reine, pour son salut, par un de ses ennemis, allait être plus fatale à la Reine que tout ce que cet ennemi avait tenté contre elle. La Fayette, tremblant pour la fortune de ses idées, voyant sa charte constitutionnelle compromise, voyant les périls de ce gouvernement impossible qui met le Roi au-dessous des lois et le fait responsable des actes de ministres imposés, inquiet et affligé de tout ce qui a lieu et de tout ce qui se prépare, blessé dans l’amour-propre de ses théories par la journée du 20 juin, étonné aussi et honteux, il faut le dire, des complicité où les révolutions entraînent un honnête homme, la Fayette quitte l’armée, se présente à l’Assemblée, rappelle le 20 juin, déclare que la

  1. Mémoires de Mme Campan, vol. II.
  2. Histoire de la Révolution de France, par Bertrand de Molleville, vol. VII.
  3. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.