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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/398

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balle, les municipaux veillent, et la Reine est espionnée dans le sommeil même[1].

Hüe parvient à déjouer cette surveillance; et, redescendu du grenier de la tour, après le passage des colporteurs, il apprend à la dérobée la criée du jour à la Reine : un jour le supplice de l’intendant de la liste civile, Laporte; un jour le supplice du journaliste royaliste Durosoy[2]

La Reine n’est pas désespérée encore. Elle croit encore à la France et à la Providence. Son imagination travaille dans Tinsomnie et la fièvre ; ses illusions tressaillent au moindre bruit. Elle écoute, elle attend, et il lui semble que Tépreuve de ce mauvais rève va tout à coup finir. Marie-Antoinette n’a point eu le& préparations, elle n’aura que plus tard les détachements de sa compagne de captivité, Madame Elisabeth, qui au retour de Varennes habituait déjà son courage à l’avenir, enlisant des Pensées sur la Mort[3]. Marie-Antoinette sera longue à accepter le malheur, et à se familiariser, comme Madame Elisabeth, avec la résignation. Plus rapprochée qu’elle de l’humanité, elle n’échappera qu’avec effort aux faiblesses et aux révoltes de son sexe. Sensible et vulnérable, par les tendresses et les délicatesses de sa nature, aux moindres blessures, elle épuisera toutes les amertumes du martyre. Moins maîtresse de son

  1. Dernières années, par Hüe. — Journal de Cléry.
  2. Dernières années, par Hüe.
  3. ibid.