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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/455

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Héron, l’espion à tout faire du Comité de Sûreté générale, promettait d’accabler l’accusée de preuves par écrit. Le Comité attendait et espérait. Héron ne lui apportait que cette dénonciation : « Je déclare que Vaudreuil, grand fauconnier du ci-devant roi, en 1784 et 1785, a tiré pour cinq cent quatre-vingt mille livres de lettres de change sur Pascaud, lorsqu’il jouait à la banque que tenait la Reine au château de Versailles. Ce Pascaud et la Reine, ainsi que Vaudreuil, ont coopéré au plan de la banqueroute générale, dans lequel plan a entré le massacre des citoyens à la maison de Réveillon[1]. » Aussitôt reçue, la dénonciation était adressée au citoyen Laignelot, « chargé de la direction de l’accusation de la ci-devant Reine. » Laignelot, malgré tous ses désirs, n’en pouvait rien faire. Héron tirait alors de son imagination un ramas d’atrocités, et le soumettait à Marat. Marat, quoique indulgent en pareille matière, trouvait le travail de Héron d’une absurdité telle qu’il ne cachait pas à Héron que le Comité le jetterait au feu. Il consentait pourtant à le reprendre, à lui donner une nouvelle forme. Son factum retravaillé par Marat, Héron le présente au Comité de Sûreté générale : le Comité croit qu’il y a des pièces derrière des affirmations si positives ; il arrête sur-le-champ « que le citoyen Héron remettra à l’instant au citoyen Bayle, l’un de ses membres, toutes les pièces qui ont servi à la ré-

  1. « Cette pièce se trouve au dépôt du ci-devant Comité de sûreté générale de la Convention nationale. » Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II