Alors est introduite la Reine Marie-Antoinette, « libre et sans fers, » pour parler la langue du procès-verbal de la séance du vingt-troisième jour du premier mois de l’an II de la République[1]. La Reine est placée sur le fauteuil ordinaire des accusés, de façon à ce que tous la voient. Puis entrent les deux défenseurs officieux de l’accusée.
Tout l’auditoire présent, le président fait prêter individuellement à chaque juré le serment suivant : « Citoyen, vous jurez et promettez d’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges portées contre Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, de ne communiquez avec personne jusqu’après votre déclaration ; de n’écouter ni la haine, ni la méchanceté, ni la crainte ou l’affection ; de vous décider d’après les charges et moyens de défense, et suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui convient à un homme libre[2]. » Le serment prêté, le président dit à l’accusée qu’elle peut s’asseoir.
La Reine est en robe de deuil ; elle est assise, attentive et calme. Parfois, comme échappant au présent et berçant sa pensée, elle laisse courir ses doigts sur les bras de son fauteuil, ainsi que sur un
- ↑ Archives nationales.
- ↑ Ibid.
pour prendre les pièces seulement qui ont été trouvées le 25 juin 1791 au château des Tuileries dans l’appartement de la ci-devant Reine. Comme son jugement est fixé à demain lundi neuf heures, le C. Baudin l’obligerait beaucoup de lui envoyer ces pièces demain à sept heures en son cabinet au Palais. »