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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/502

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de Louis XVII tourna un moment les yeux du côté des Tuileries, et devint plus pâle qu’elle n’avait été jusqu’alors[1]. Puis la Reine de France monta à l’échafaud, et se précipita à la mort…[2].

  1. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 32.
  2. La Quotidienne ou la Gazette universelle, n° 396. — Le citoyen Rouy l’aîné rend compte de l’exécution de Marie-Antoinette en ces termes dans le Magicien républicain : « À 11 heures 12 ou 15 minutes, elle sortit de la Conciergerie… Sa figure était pâle et très-abattue, par suite d’une perte qu’elle a eue dans sa prison, plutôt que par l’aspect du juste supplice qu’elle allait subir, car, malgré que son cœur paraissait oppressé, en montant sur la charrette, elle a conservé une tenue, une fierté, un air altier qui la peint… Arrivée à la place de la Révolution, ses yeux se sont fixés avec quelque sensibilité sur le château des Tuileries… La charrette s’étant arrêtée devant l’échafaud, elle est descendue avec légèreté et promptitude, sans avoir besoin d’être soutenue, quoique ses mains fussent toujours liées ; elle est de même montée à la bravade avec un air plus calme et plus tranquille encore qu’en sortant de prison. Sans parler au peuple ni aux exécuteurs, elle s’est prêtée aux apprêts de son supplice, ayant fait elle-même tomber sa bonnette de sa main. Son exécution et ce qui en formait l’affreux prélude, dura environ quatre minutes. À midi un quart précis sa tête tomba sous le fer vengeur des lois… » Voici le procès-verbal d’exécution de Marie-Antoinette, conservé aux Archives de l’Empire et publié par nous pour la première fois. « L’an deuxième de la République française, le vingt-cinquième jour du premier mois, à la requête de l’accusateur public près le Tribunal criminel extraordinaire et révolutionnaire, établi à Paris par la loi du 10 mars 1793, sans aucun recours au tribunal de cassation, lequel fait élection de domicile au greffe dudit tribunal séant au Palais, nous Eustache Nappier, huissier-audiencier audit Tribunal, demeurant à Paris, sous-signé, nous sommes transporté en la maison de justice dudit Tribunal, pour l’exécution du jugement rendu par le Tribunal, ce jourd’hui contre la nommée Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, qui la condamne à la peine de mort, pour