Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/71

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fut encore un lien entre la Dauphine et son amie que ces alarmes données par madame de Lamballe à madame du Barry : tout l’esprit de madame de Picquigny ne l’avait point si bien vengée.

Trois ans s’étaient écoulés depuis l’entrée en France de la Dauphine, quand le jour fut fixé pour la première entrée du Dauphin et de la Dauphine dans leur bonne ville de Paris. C’était un vieil usage de la monarchie et une vieille fête de la nation que ces entrées solennelles, marches jadis armées, changées par la paix des temps en processions pacifiques. Grands et beaux jours, où les héritiers de la France venaient en triomphe sourire et se faire connaître à ce peuple, leur peuple ! où un jeune couple, l’avenir du trône, rendait visite à l’opinion publique dans son royaume même, et entrait pour la première fois dans les applaudissements de la multitude, comme dans la flatterie de l’histoire !

Le 8 juin 1773, le Dauphin et la Dauphine arrivaient de Versailles à onze heures du matin, et descendaient de voiture à la porte de la Conférence. La compagnie du guet à cheval les attendait. Le corps de ville, le prévôt des marchands en tête, le duc de Brissac, gouverneur de Paris, et M. de Sartines, lieutenant de police, les recevaient. La Halle, qui était toujours un peu de la famille des rois en ces jours de liesse, présentait à la Dauphine les belles clefs d’une ville qui se donne : des fruits et des fleurs, des rosés et des oranges. De là, dans mes