Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/72

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carrosses de cérémonie, par le quai des Tuileries, le Pont-Royal, le quai des Théatins, le quai de Conti, où s’étaient rangés en escadron les gardes de la Monnaie ; le Pont-Neuf, où se trouvait sous les armes, en face le cheval de bronze, la compagnie des gardes de robe courte ; le quai des Orfèvres, la rue Saint-Louis, le marché et la rue Notre-Dame, le Dauphin et la Dauphine allaient à Notre-Dame. Reçus aux portes par l’archevêque et le chapitre en chapes, leur prière faite au chœur, ils entendaient dans la chapelle de la Vierge une messe basse dite par un chapelain du Roi et un motet payé trois cents livres au maître de musique de Notre-Dame. Ils montaient au Trésor, le visitaient, gagnaient Sainte-Geneviève, tournaient, suivant l’usage, autour de la châsse de la sainte, et revenaient aux Tuileries. Les femmes des halles dînaient dans la salle du concert ; il n’y avait d’hommes à la table que le Dauphin. Le palais était au peuple : la foule entrait, regardait, passait ; sa joie courait autour du festin. Au dehors le jardin n’était que peuple. La jeune Dauphine voulut y descendre au bras de son mari, et, s’aventurant dans l’amour de cette multitude, elle commandait aux gardes de ne pousser, de ne presser qui que ce fût. Elle avançait, charmant la foule, charmée elle-même, entourée de vivats et comme portée par les bénédictions de tous, les mains battaient, les chapeaux volaient en l’air… Toutes les adulations du jour, la harangue du prévôt des marchands, la harangue de l’archevêque, la harangue de l’abbé Coger, et jusqu’aux trente-huit