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Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/77

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Choiseul, M. d’Aiguillon, disposait du clergé et du parti des Jésuites, hostiles à Marie-Thérèse, dont les possessions avaient abrité le jansénisme, hostiles d’avance à la protégée de M. de Choiseul, et groupés, en haine du ministres philosophe, « cet autre Aman, » autour de la du Barry, « cette nouvelle Esther[1]. » Les ennemis de la Dauphine n’oubliaient pas d’exploiter contre elle le partage de la Pologne, « ce partage que Choiseul n’eût pas permis, » avouait Louis XV lui-même[2]. M. d’Aiguillon venait dire au Roi et répétait à la cour : « Voyez quelle foi la France peut ajouter à l’amitié de la maison d’Autriche, et ce que nous devons attendre d’une maison, l’alliée du roi par le double lien d’un traité et d’un mariage, qui, lorsqu’elle veut augmenter ses possessions aux dépens du roi de Prusse, soulève la France contre lui ; lorsqu’elle veut augmenter ses domaines aux dépens de la Pologne, se rapproche de la Prusse, l’ennemie du Roi ! ». C’était à la mère que le coup semblait adressé, mais c’était la fille de Marie-Thérèse qu’il atteignait. Et quand M. d’Aiguillon parlait encore du prince qui sera Josep II, qu’il lui prêtait des vues lointaines sur la Bavière, la convoitise du Frioul vénitien et de la Bosnie, le projet de l’ouverture de l’Escaut, le regret de la Lorraine et de l’Alsace[3], il savait bien éveiller ainsi les alarmes et les doutes sur le cœur français de la sœur de Jo-

  1. Notice d’événements, par Hardy, vol. I.
  2. Les Fastes de Louis XV. A. Villefranche, 1782.
  3. Mémoires historiques, par Soulavie.