Page:Goncourt - Histoire de Marie-Antoinette, 1879.djvu/86

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ne suffit pas à Madame Adélaïde : elle veut un ministre plus compromis dans la politique anti-autrichienne. Cependant, M. d’Aiguillon, qui sait que la Reine ne lui pardonne pas d’avoir livré Marie-Thérèse aux plaisanteries de la du Barry, se démène pour se maintenir, imagine et travaille. Il gagne Madame de Narbonne[1] qui fait et défait les volontés de Madame Adélaïde, et, à couvert derrière elle, pousse en avant le nom de son cousin Maurepas, qui, une fois placé, le couvrira et le sauvera. Madame de Narbonne n’eut guère de mal à faire agréer à sa maîtresse une victime de la Pompadour, et Madame Adélaïde gagnée s’allia, en faveur de M. de Maurepas, avec une de ces influences latentes et redoutables, cachées et toutes-puissantes, qui gouvernent parfois, de l’antichambre, la conscience et la faveur des rois.

Plus avant que le vieux gouverneur du Dauphin la Vauguyon, que ce précepteur, Coetlosquet, un saint dépaysé dans la tâche humaine d’élever un Roi, que ce lecteur d’Argentré, qui savait tout au plus lire[2], le sous-précepteur du Dauphin, M. de Radonvilliers, était entré dans sa confiance. La Vauguyon mort, M. de Radonvilliers disposait de la volonté politique du Roi. C’était un jésuite, un peu brouillé avec les Jésuites, mais y tenant au fond, et leur homme ; monté en se baissant et par

  1. Mémoires pour servir à l’histoire des événements de la fin du XVIIIe siècle, par l’abbé Georgel. Paris, 1817, vol. I.
  2. Chronique secrète de Paris sous le règne de Louis XVI, par l’abbé Beaudeau.